Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/77

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que dans les objets corporels, un

    foi du monde disent-ils, « que la Divinité n’est qu’un vain phantôme ; que le vice & la vertu sont des préjugés d’éducation ; que l’immortalité de l’ame ; que la crainte des peines & l’espérance des recompenses à venir sont chimériques » ne sont-ils pas actuellement sous le charme ? Le plaisir de paroître sincére n’agit-il pas en eux ? ne sont-ils pas affectés du decorum & dulce ? Car enfin leur intérêt privé demanderoit qu’ils se réservassent toutes ces rares connoissances : plus elles seront divulguées, moins elles leur seront utiles, Si tous les hommes sont une fois persuadés que les Loix Divines & humaines sont des barrieres qu’on a tort de respecter lorsqu’on peut les franchir sans danger, il n’y aura plus de duppes que les Sots. Qui peut donc les engager à parler, à écrire & à nous détromper même au péril de leur vie ; car ils n’ignorent pas que leur zèle est assez mal récompensé par le gouvernement : il me semble que j’entends M. S. qui dit à un de ces Docteurs. « La Philosophie que vous avez la bonté de me révéler, est tout-à-fait extraordinaire. Je vous suis obligé de vos lumieres : mais quel intérêt prenez-vous à mon instruction ? Que vous suis-je ? êtes-vous mon Pere ? quand je serois votre Fils ; me devriez-vous quelque chose en cette qualité ? Y auroit-il en vous quelqu’affection naturelle, quelque soupçon qu’il est doux, qu’il est beau de détromper à ses risques & fortunes, un indifférent, sur des choses qui lui importent ? Si vous