Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/272

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ARDEN DE FEVERSHAM.

alice.

— Qu’avais-tu besoin de m’éprouver, moi que tu n’as jamais trouvée fausse ?

mosby.

— Eh bien, pardonne-moi ; car l’amour est jaloux.

alice.

— Ainsi, le nautonier écoute le chant de la sirène ! — Ainsi le voyageur contemple le basilic ! — Je consens à me réconcilier, — mais je sais que ce sera ma ruine.

mosby.

— Ta ruine ! Qu’auparavant le monde soit anéanti !

alice.

— Ah ! Mosby, laisse-moi toujours jouir de ton amour, — et, advienne que pourra, je suis résolue à tout. — Mon mari économe amasse des sacs d’or — pour rendre nos enfants riches ; à présent il est — allé décharger des denrées qui seront à toi ; — et aussitôt lui et Francklin partiront pour Londres.

mosby.

— Pour Londres ! Alice, si tu veux te laisser guider par moi, — nous le dépêcherons d’une infaillible manière.

alice.

— Ah ! que je le voudrais !

mosby.

— J’ai rencontré hier soir un peintre — d’une adresse unique dans toute la chrétienté ; — car il sait mélanger du poison avec ses couleurs, — de telle sorte que quiconque fixe les yeux sur son ouvrage — doit avec les rayons mêmes de la vision — aspirer le venin et se tuer. — Chère Alice, il fera ton portrait — pour qu’Arden meure en le contemplant.

alice.

— Oui, mais, Mosby, cela est dangereux ; — car il y aurait risque de mort pour toi, pour moi — ou pour tout