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SCÈNE I.

autre qui entrerait dans la chambre où le portrait serait pendu.

mosby.

— C’est juste, mais nous le couvrirons d’un drap, — et nous le pendrons dans le cabinet d’Arden à portée de lui seul.

alice.

— Impossible, car, dès que le tableau sera là, — je suis sûre qu’Arden viendra me le montrer.

mosby.

— Ne crains rien. Nous arrangerons la chose à souhait. — Voilà le logis du peintre ; je vais l’appeler.

alice.

— Mais, Mosby, je ne veux pas d’une pareille peinture, moi !

mosby.

— Je t’en prie, laisse tout à ma discrétion…

Appelant par une fenêtre.

Holà, Clarke !

Entre Clarke.

— Oh ! vous êtes un homme de parole ! vous m’avez montré de l’empressement.

clarke.

— Eh bien, monsieur, j’en agirai toujours ainsi envers vous, — pourvu que, suivant la parole par vous donnée, — je puisse épouser Suzanne Mosby. — De même que les poëtes de génie, dont le vers harmonieux — force les dieux à suspendre leur rasade de nectar — et à prêter l’oreille au bruit infime de la terre, — sont les très-humbles fiancés de leur muse sacrée, — de même nous, qui sommes les émules des poëtes, — il faut que nous ayons un amour. Car l’amour est la muse du peintre, — la muse qui lui fait