Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/274

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ARDEN DE FEVERSHAM.

représenter une physionomie parlante — et des yeux en larmes attestant la douleur du cœur. — Ainsi, dites-moi, maître Mosby, aurai-je Suzanne ?

alice.

— Ce serait dommage qu’il ne l’eut pas ; il la traitera bien.

mosby.

— Clarke, voici ma main. Ma sœur sera à toi.

clarke.

— Eh bien, frère, en récompense de cette courtoisie, — je veux que vous disposiez de ma vie, de mon savoir, de tout mon bien.

ALICE, à Clarke.

— Ah ! si vous étiez discret !

MOSBY, à Alice.

— Ne craignez rien, laissez faire ; je lui ai parlé suffisamment.

CLARKE, à Alice.

— Vous ne me connaissez pas pour m’adresser pareille question. — Que ceci suffise : je sais que vous l’aimez beaucoup — et que vous voudriez bien être débarrassée de votre mari ; — en quoi, sur ma parole, vous montrez une âme noble, — vous qui, plutôt que de vivre avec celui que vous haïssez, — préférez risquer votre vie et mourir avec celui que vous aimez. — J’en ferais autant pour ma Suzanne.

alice.

— Pour me forcer à une pareille action, il fallait — mon amour pour Mosby… si je pouvais — te posséder sans obstacle, Arden ne mourrait pas ; — mais, puisque je ne le puis, qu’il meure !

mosby.

— Assez, chère Alice, tes affectueuses paroles m’attendrissent…