Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/284

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ARDEN DE FEVERSHAM.

greene.

Eh quoi ! mistress Arden, se peut-il que le méchant ladre — vous traite mal ! N’a-t-il pas d’égard pour votre naissance, — pour vos honorable parents, pour ce que vous lui avez apporté ? — Mais tout le Kent connaît votre famille et ce que vous êtes.

alice.

— Ah ! maître Greene, soit dit entre nous, — je n’ai jamais passé une bonne journée, seule avec lui : — quand il est à la maison, je n’ai de lui que des regards maussades, — des paroles dures, et des coups par dessus le marché ; — et, quoique je suffise satisfaire un si bon mari, — il entretient des gourgandines dans tous les coins, — et, quand il est fatigué des drôlesses du pays, — il galope vite à Londres, et là, sur ma parole, — il se débauche avec de sales créatures — qui lui conseillent de se défaire de sa femme. — Ainsi je vis dans une inquiétude ; — dans une douleur continuelle, désespérant de tout redressement, — au point de souhaiter chaque jour — ou sa fin ou la mienne.

greene.

— Croyez-moi, mistress Alice, je suis désolé — qu’une si belle personne soit ainsi maltraitée. — Qui aurait pu croire si brutal ce cavalier courtois ? — Il a l’air si doux ! Fi de lui, le rustre ! — S’il vit encore un jour, il aura vécu trop longtemps ; — mais du courage, madame ! Je serai l’homme — qui vous affranchira de tous ces tourments. — Si le ladre conteste mon titre — et ne veut pas me rendre ma ferme, — je lui réglerai son compte, quoi qu’il m’en advienne.

alice.

— Mais parlez-vous comme vous pensez ?

greene.

— Oui, Dieu m’en soit témoin, j’entends n’y pas aller de