Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/289

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SCÈNE I.

crucifix empoisonné, — capable de rendre aveugle quiconque l’apercevrait seulement — et de suffoquer, avant peu, par ses émanations venimeuses, — quiconque le considérerait attentivement. — Je voudrais que vous me fissiez un crucifix de ce genre, — et alors, je vous accorderai ma sœur.

clarke.

— Quelle que soit ma répugnance (car il y va de la vie), — plutôt que de perdre l’amour de cette chère Suzanne, — je ferai la chose, et avec toute la rapidité possible. — Mais, pour qui est-ce ?

alice.

— C’est notre affaire. Mais, Clarke, comment vous est-il possible — de dessiner et de peindre vous-même — avec des couleurs malfaisantes et empoisonnées, — sans en ressentir vous-même aucun préjudice ?

mosby.

Bonne question, Alice. — Clarke, comment répondez vous à cela ?

clarke.

— Bien aisément. Je vais vous dire tout de suite — comment j’emploie ces drogues empoisonnées ; — je fixe mes besicles si hermétiquement — que rien ne peut plus blesser ma vue ; — puis je me bouche le nez avec une feuille — de rhubarbe pour combattre les émanations, — et je peins aussi tranquillement que s’il s’agissait d’un autre ouvrage.

mosby.

— C’est fort bien, quand aurais-je la chose ?

clarke.

— D’ici à dix jours.

mosby.

Ça suffira. — Maintenant, Alice, allons voir quelle chère vous nous avez préparée. — À présent que maître Arden est