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LES DEUX NOBLES PARENTS.

hippolyte.

Debout !

émilie.

— Pas de genoux pliés devant moi ! Toute femme — en détresse, que je puis secourir, m’attache à elle.

thésée.

— Quelle est votre requête ? Vous, parlez pour toutes.

première reine.

— Nous sommes trois reines dont les souverains sont tombés devant — la colère du cruel Créon et gisent en proie — aux morsures des corbeaux, aux serres des milans — et aux becs des corneilles dans les champs sinistres de Thèbes. — Créon ne nous permet pas de brûler leurs ossements, — de mettre dans l’urne leurs cendres, ni de soustraire les horreurs — d’une putréfaction mortelle au regard béni — du sacré Phœbus ; il veut infecter les vents — des miasmes de leurs cadavres. Oh ! pitié, duc ! — Toi qui purges la terre, tire cette épée redoutée — qui rend de si grands services au monde ; restitue-nous les os — de nos rois morts, que nous puissions les sanctifier ! — Et, dans ta bonté infinie, songe — que pour nos têtes couronnées nous n’avons d’autre toit — que celui-ci, le toit du lion et de l’ours, — la voûte de l’univers !

thésée.

Ne vous agenouillez pas, je vous prie. — J’étais absorbé par vos paroles, et j’ai laissé — vos genoux se meurtrir. En apprenant la mort — fatale de vos époux, la douleur que je ressens — excite ma vengeance à les venger. — Le roi Capanée était votre mari. Le jour — où il vous épousa, dans un moment pareil — à celui qui est venu pour moi, je rencontrai votre fiancé — près de l’autel de Mars ; vous étiez radieuse alors. — Le manteau de Junon n’était pas plus radieux que votre chevelure, — et ne la couvrait pas avec plus de profusion ; les épis de votre couronne — n’étaient alors