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LES DEUX NOBLES PARENTS.

de la guerre, que je puisse — arborer mon étendard pour ta gloire et être, grâce à toi, — salué vainqueur de la journée ! Donne-moi, grand Mars, — quelque gage de ta faveur !

Ici, ils se prosternent de nouveau la face contre terre ; on entend un cliquetis d’armures, accompagné d’un rapide coup de tonnerre, ressemblant au fracas d’une bataille ; sur quoi tous se lèvent et s’inclinent devant l’autel.

Ô grand correcteur des énormités des temps, — qui précipites les états pourris, suprême arbitre — des titres poudreux et surannés, qui avec des saignées soulages — la terre malade, et guéris le monde — de sa pléthore de peuples, j’accepte — tes signes comme un heureux augure, et en ton nom — je marche hardiment à mon dessein. Partons !

Ils sortent.
Entrent Palémon et ses chevaliers. Ils se prestement devant l’autel de Vénus, puis se relèvent.
palémon.

— Nos étoiles doivent briller d’un nouveau feu, ou — s’éteindre aujourd’hui. Notre argument est l’amour ; — si la déesse d’amour l’adopte, elle nous donne — la victoire. Unissez donc vos esprits aux miens, — vous tous dont la magnanime noblesse fait de ma cause — votre hasard personnel ! À la déesse Vénus — recommandons notre entreprise, et implorons — sa protection pour notre parti.

Ils s’agenouillent.

— Salut, reine souveraine des secrets, toi qui as le pouvoir — d’arracher à sa furie le plus farouche tyran — pour le jeter pleurant aux pieds d’une fille, toi qui peux — avec une simple œillade amortir le tambour de Mars — et dissiper la fanfare d’alarme en murmures, toi qui permets — au boiteux de jeter en l’air sa béquille, en le guérissant — plus