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LE CONTE DU CHEVALIER.

à chasser le lion ou le cerf. Ils le suivaient, la muselière serrée, un collier d’or autour du cou. Il avait pour escorte cent seigneurs armés de toutes pièces, avec des cœurs vaillants et intrépides.

Avec Arcite venait, tel qu’il apparaît dans les histoires, le grand Émétrius, le roi de l’Inde. Sur un destrier bai, caparaçonné d’acier, et couvert d’un drap d’or magnifiquement diapré, il chevauchait, pareil au dieu des armes Mars. Son surcot était un drap de Tarse, garni de grosses perles rondes et blanches. Sa selle était d’or bruni ; à ses épaules pendait un manteau constellé de rubis rouges, brillants comme du feu. Ses cheveux, frisés comme des anneaux de métal, étaient blonds et reluisaient au soleil. Son nez était haut, ses yeux d’un cristal transparent, ses lèvres rondes, son teint sanguin ; quelques taches de rousseur, d’un jaune sombre, étaient éparses sur son visage, et il avait tout l’air d’un lion. Je lui aurais donné vingt-cinq ans. Sa barbe était déjà touffue ; sa voix était tournante comme la trompette. Sur sa tête il portait une épaisse et fraîche guirlande de laurier vert. Sur sa main il portait, pour son plaisir, un aigle apprivoisé, blanc comme un lis. Il avait là avec lui cent seigneurs, tous, sauf la tête qui était découverte, armés de toutes pièces, tous dans le plus riche attirail. Car, sachez bien que des comtes, des ducs et des rois se pressaient dans cette noble compagnie, pour l’amour et pour la plus grande gloire de la chevalerie. Autour de ce roi Émétrius couraient de tous côtés nombre de lions et de léopards apprivoisés.

Et, dans cet équipage, tous ces seigneurs arrivèrent à la cité d’Athènes un dimanche, vers prime, et ils mirent pied à terre dans la ville.

Ce Thésée, ce duc, ce digne chevalier, après les avoir accueillis dans sa ville et les avoir logés, chacun suivant son rang, les festoya et fit tout son possible pour les mettre