Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/186

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ÉDOUARD III.

— c’est un échange, car, en retour de ton amour, — je t’offre tous les trésors du mien.

la comtesse.

— Si vos lèvres n’étaient pas sacrées, ô mon seigneur, — vous profaneriez le saint nom d’amour. — Cet amour, que vous m’offrez, vous ne pouvez le donner ; — car César doit ce tribut à sa royale compagne. — Cet amour, que vous implorez de moi, je ne puis le donner ; — car Sarah en doit l’hommage à son mari. — Celui qui mutile ou contrefait votre sceau — est puni de mort, monseigneur. Votre personne sacrée voudrait-elle donc — commettre une haute trahison envers le Roi du ciel — en imprimant son sceau sur un métal défendu, — au mépris de son allégeance et de son serment ? — En violant la loi sainte du mariage, — vous attentez à une majesté plus haute que la vôtre. — Le roi est de moins ancienne maison — que l’époux. Votre ancêtre, — Adam, seul maître de l’univers, — fut honoré par Dieu du titre d’époux, — et non sacré roi par lui. — Si c’est un crime de violer vos statuts, — quoiqu’ils ne soient pas signés de la main même de votre altesse, — quel crime est-ce donc d’enfreindre le saint décret — promulgué par la bouche de Dieu et scellé de sa main ! — Je suis sûre que mon souverain, dans son affection pour mon mari — qui, en ce moment, le sert loyalement à la guerre, — ne veut que mettre à l’épreuve la femme de Salisbury — et savoir si elle écouterait, ou non, de licencieux propos. — Je craindrais de commettre une faute en restant ; — c’est de cette faute, et non de mon roi, que je m’éloigne.

Sort la comtesse.
édouard.

— Sa beauté est-elle rendue divine par ses paroles ? — Ses paroles ne sont-elles que les doux chapelains de sa beauté ? — De même que le vent embellit la voile — et que la voile pare le vent invisible, — ses paroles ornent sa