Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/189

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SCÈNE III.

édouard.

— Et que diras-tu à celui qui viole un serment ?

warwick.

— Qu’il a faussé la foi jurée envers Dieu et envers l’homme — et qu’il est excommunié par l’un et par l’autre !

édouard.

— Et qu’est-ce qu’un office qui consiste à insinuer à quelqu’un — de violer un vœu légitime et sacré ?

warwick.

— C’est un office de démon, et non d’homme.

édouard.

— Eh bien, c’est cet office de démon que tu dois remplir pour moi. — Sinon, il faudra que tu violes ton serment et que tu déchires tous les liens — d’affection et d’obéissance qui t’attachent à moi. — Ainsi donc, Warwick, si tu es resté toi-même, — le seigneur et maître de ta parole et de ton serment, — va trouver ta fille, et, en mon nom, — oblige-la, sollicite-la, détermine-la — à être ma maîtresse et mon secret amour. — Je ne veux pas rester à écouter ta réplique. — Que ton serment brise le sien, ou que ton souverain meure !

Édouard sort.
warwick.

— Ô roi affolé ! ô détestable office ! — Il faut donc que je me décide moi-même à m’outrager moi-même, — parce qu’il m’a fait jurer par le nom de Dieu — de violer un vœu fait au nom de Dieu ! — Comme si je jurais par cette main droite — de couper cette main droite !… Mieux vaudrait encore — profaner l’idole que la ruiner. — Mais je ne ferai ni l’un ni l’autre. Je tiendrai mon serment, — et je renierai devant ma fille — toutes les vertus que je lui ai prêchées. — Je lui dirai qu’elle doit oublier son époux Salisbury, — si elle songe à embrasser le roi. — Je lui dirai qu’un ser-