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ÉDOUARD III.

ces graves disciples de l’expérience — restent immuables, comme des chênes altiers, — tandis qu’un coup de vent abat bien vite de plus jeunes arbres.

derby.

— Dans la maison de tes pères est-il un seul homme — qui ait été roi avant ton avènement ? — La grande lignée d’Édouard, du côté maternel, — a porté le sceptre pendant cinq cents ans. — Jugez donc, conspirateurs, par cette filiation — quel est le souverain légitime, celui-ci, ou celui-là ?

Il montre Jean et Édouard.
PHILIPPE, au roi Jean.

— Bon père, rangez vos troupes en bataille ; cessons de jaser ; — ces Anglais emploieraient volontiers le temps en conversation — afin de pouvoir, la nuit venue, s’échapper sans coup férir.

le roi jean.

— Seigneurs, mes bien-aimés sujets, voici le moment — où votre énergie va être mise à l’épreuve. — Ainsi, mes amis, faites cette courte réflexion : — Celui pour qui vous combattez est votre roi naturel ; — celui contre qui vous combattez est un étranger. — Celui pour qui vous combattez règne par la clémence — et vous gouverne avec le frein le plus aisé et le plus doux ; — celui contre qui vous combattez, s’il prévaut, — fondera aussitôt son trône sur la tyrannie, — fera de vous des esclaves, et, de sa main lourde, — restreindra et tiendra en bride votre chère liberté. — Donc, pour le défense de votre pays et de votre roi, — que l’altier courage de vos cœurs réponde seulement — au nombre de vos bras forts, — et nous aurons bien vite chassé ces vagabonds, — Qu’est-ce, en effet, que cet Édouard ? Un ventre divinisé, — un tendre et lascif galant, — qui l’autre jour se mourait presque d’amour ? — Et qu’est-ce, je vous prie, que sa belle armée ? — Un tas de gens qui, pour peu qu’on leur rogne leur échinée de