Je pars.
Qu’as-tu de nouveau a me dire ?
— Le duc de Normandie, mon seigneur et maître, — ayant pitié de ta jeunesse que tant de périls environnent, — t’a envoyé par moi un agile genet, — aussi rapide que la plus rapide monture ; — et il te conseille de fuir sur sa croupe ; — sinon, la mort elles même a juré que tu mourrais.
— Retourne avec cette bête à la bête qui l’envoie ; — déclare-lui que je ne saurais monter le cheval d’un lâche ; — et dis-lui d’enfourcher lui-même aujourd’hui ce destrier ; — car, dussé-je éclabousser de sang mon cheval tout entier, — et rendre mes éperons doublement vermeils, je prétends attraper ton prince. — Dis cela à ce petit railleur, et va-t’en.
— Édouard de Galles ! Philippe, le second fils — du puissant roi très-chrétien de France, — voyant approcher la fin de ta personne charnelle, — plein de charité et d’amour chrétien, — offre ce livre, rempli de saintes prières, — à la noble main et, pendant ta dernière heure, — te supplie de méditer sur ces pages, — et d’armer ton âme pour son lointain voyage. — Ainsi j’ai exécuté son ordre et je m’en retourne.