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ÉDOUARD III.

Bruit derrière le théâtre. Entre un capitaine français, conduisant Salisbury prisonnier.
le capitaine.

— Regardez, mon suzerain, ce chevalier ; aidé de quarante hommes — qui, pour la plupart, ont été tués et mis en fuite, — il a fait tous ses efforts pour rompre nos lignes — et pour se frayer un passage jusqu’au prince investi. — Que votre majesté fasse de lui ce qu’elle voudra.

le roi jean.

— Va, soldat, va, et déshonore du poids de son corps — la première branche que tu verras ; — en effet, je considère un arbre de France comme trop noble — pour être le gibet d’un bandit anglais.

salisbury.

— Monseigneur de Normandie, j’ai de vous un sauf-conduit — pour traverser en sûreté ce pays.

charles.

— C’est Villiers qui te l’a procuré, n’est-ce pas ?

salisbury.

— En effet.

charles.

— Et il est valable : tu es libre.

le roi jean.

— Oui, libre d’aller à la potence pour être pendu — sans contestation et sans obstacle… — Qu’on l’emmène.

CHARLES, au roi.

— J’espère que votre altesse ne me déshonorera pas ainsi, — en détruisant la vertu d’un sceau à mes armes. — Ce prisonnier peut invoquer mon nom inviolé, — inscrit là de ma main princière ; — et je veux cesser d’être prince, — plutôt que de fausser la solennelle parole d’un prince. — Je vous en conjure, laissez-le passer son chemin tranquillement.