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SCÈNE XIII.

artois.

— Reprenez donc haleine, et puis à l’œuvre de nouveau ! Les Français hagards — sont tout effarés à la vue des corbeaux ; — et, si nos carquois étaient de nouveau remplis, — votre grâce verrait une glorieuse journée. — Oh ! milord ! des flèches ! des flèches ! voilà ce qu’il nous faut.

le prince de galles.

— Courage, Artois ! foin des flèches ailées, — quand les oiseaux ailés interviennent en notre faveur ! — Qu’avons-nous besoin de combattre, de suer, de soutenir la lutte, — quand les corbeaux suffisent par leurs cris à dominer nos adversaires ? — En avant, en avant, Artois ! La terre elle-même est armée — de cailloux qui recèlent la flamme ; ordonne à nos arcs — de dégorger de leur if diapré — une grêle de pierres… En avant, Artois, en avant ! — Mon âme prophétise que nous gagnerons la victoire.

Ils sortent.
Alarmes. Escarmouches.
Entre le roi Jean.
le roi jean.

— Nos multitudes s’abîment sur elles-mêmes — dans le délire de la terreur. L’inquiétude frémissante — fait circuler dans toute notre armée le frisson de épouvante, — et le plus léger désavantage souffle — la déroute à l’âme abjecte, prise de peur. — Moi-même, dont l’énergie oppose son acier au plomb de leur inertie, — quand je me rappelle la prophétie — et que je vois les pierres de notre pays, aux bras des Anglais, — se révolter contre nous, je me sens gagner — par la violente oppression de la faible et défaillante frayeur.

Entre Charles.
charles.

— Fuyons, mon père, fuyons ! les Français tuent les