Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/246

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ÉDOUARD III.

Français ; — ceux qui veulent tenir bon tombent sur ceux qui veulent fuir. — Nos tambours ne battent que le découragement ; — nos trompettes sonnent le déshonneur et la retraite. — Le génie de la crainte, qui ne craint que la mort, — attire lâchement la ruine sur lui-même.

Entre Philippe.
philippe.

— Arrachez-vous les yeux pour ne pas voir la honte de cette journée ! — Un bras a battu toute une armée ; un misérable David — a, avec une pierre, renversé vingt puissants Goliaths ; — une vingtaine de meurt-de-faim déguenillés, avec de menus cailloux, — ont mis en déroute une formidable légion d’hommes — équipés et armés de toutes pièces.

le roi jean.

— Mordieu, ils tirent à la cible sur nous et nous exterminent. — Plus de quarante mille vétérans aguerris — ont été aujourd’hui lapidés à mort par quarante pauvres diables.

charles.

— Oh ! que ne suis-je d’une autre patrie ! — Ce jour a jeté le ridicule sur les Français ; — et le monde entier va faire des gorges chaudes sur nous.

le roi jean.

— Quoi ! n’y a-t-il plus d’espoir ?

philippe.

— Plus d’autre espoir que la mort pour ensevelir notre honte.

le roi jean.

— Ralliez-vous une fois encore autour de moi ; la vingtième partie — de ceux qui survivent suffit pour écraser — la chétive poignée d’hommes qui nous est opposée.