Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/248

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ÉDOUARD III.

— tes enseignes sanglantes sont mes captives. — Vous aussi, arrogant Charles de Normandie, — vous qui aujourd’hui même m’envoyiez un cheval pour fuir, — vous voilà à la merci de ma clémence. — Fi, seigneurs ! n’est-ce pas une honte que des marmousets anglais, — dont les jeunes années n’ont pas même la dignité de la barbe, — aient pu, au sein même de votre royaume, — vous battre tous ainsi, quand vous étiez vingt contre un ?

le roi jean.

— C’est ta fortune, et non ta force, qui nous a vaincus.

le prince de galles.

— C’est la preuve que le ciel protège le droit !

Entre Artois, amenant Philippe.

— Voyez, voyez, Artois amène avec lui — l’excellent directeur de mon âme. — Sois le bienvenu, Artois ! Et vous aussi soyez le bienvenu, Philippe ! — Qui maintenant, de vous ou de moi, a le plus grand besoin de prier ? — En ce moment vous justifiez le proverbe : — À trop brillante aurore nébuleux crépuscule.

Entre Audley, soutenu par les deux écuyers.

— Mais dites, quel lugubre mécompte nous arrive ici ! — Hélas ! quels milliers d’hommes d’armes français — ont gravé sur le visage d’Audley ce signe de mort ?…

À Audley.

— Parle, toi qui caresses la mort de ton insouciant sourire — et qui regardes la tombe avec autant de gaîté — que si tu étais épris de ton heure suprême, — quelle épée affamée a ainsi dévasté ton visage — et élagué de mon âme aimante un si fidèle ami ?

audley.

— Ô prince, ta douce plainte — est le glas funèbre d’un agonisant.