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SCÈNE XV.

copland.

— En effet, milord, je suis un écuyer du nord, — mais nullement fier ni insolent, sur ma parole.

édouard.

— Qu’est-ce donc qui t’a rendu assez obstiné — pour résister au désir de notre royale compagne ?

copland.

— Ce n’est point, milord, une opiniâtre désobéissance, — mais le respect de mon droit et des lois publiques de la guerre. — J’ai moi-même fait le roi prisonnier dans un combat singulier ; — et, comme soldat, je répugnais à perdre — le léger honneur que je m’étais acquis. — Mais sur l’ordre de votre altesse, Copland n’a pas hésité — à venir en France et, en toute humilité, — il vous fait hommage de sa victoire. — Percevez, lord redouté, votre droit sur ma cargaison, — ce riche tribut de mes mains laborieuses ; — il vous eût été concédé depuis longtemps, — si votre gracieuse personne s’était trouvée sur les lieux.

la reine.

— Mais, Copland, tu t’es joué des ordres du roi, — en manquant de respect à l’autorité que nous exercions en son nom.

copland.

— Je révère son nom, mais plus encore sa personne ; — à son nom, je devrai toujours allégeance, — mais devant sa personne, je plie le genou.

édouard.

— Je t’en prie, Philippa, que ce déplaisir s’évanouisse. — Cet homme me plaît, et j’aime son langage. — Car quel est celui qui voudrait tenter un exploit — et perdre la gloire qui y est attachée ? — Tous les fleuves ont leur embouchure dans l’océan ; — et la foi de Copland est vouée directement à son roi. — Plie donc le genou, et relève-