Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/292

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ARDEN DE FEVERSHAM.

était au service de sir Antony Cooke. Une perquisition fut faite, l’argenterie fut trouvée chez moi, et je suis sommé de répondre aux assises. Maintenant, lord Cheiny jure solennellement que, pour peu que la loi s’y prête, il me fera pendre. Moi, je vais à Londres, dans l’espoir de découvrir le filou. Mais toi, Will, tu connais, je le sais, tous ces gaillards-là.

blackwill.

Quelle manière d’homme était-ce ?

bradsaw.

Un drôle à la figure maigre et grimaçante, au nez de faucon, à l’œil très-cave, avec d’énormes rides sur un front torve, et de longs cheveux frisés sur les épaules ; son menton était ras, mais à la lèvre supérieure il avait une moustache qu’il enroulait autour de son oreille.

blackwill.

Quel costume avait-il ?

bradshaw.

Un pourpoint de satin bleu clair si déguenillé que l’envers avait encore meilleure apparence que l’endroit, des hauts-de-chausses râpés et décousus, de gros bas de laine retombant déchirés sur ses souliers, enfin un manteau de livrée, dégarni de tout galon, mauvais, mais encore assez bon pour cacher l’argenterie.

blackwill.

Parbleu ! Shakebag, te rappelles-tu la ripaille que nous fîmes à Sittingburn, le jour où je cassai la tête au sommelier du Lion avec un rotin ?

shakebag.

Oui, très-bien, Will.

blackwill.

Eh bien, c’était avec l’argent provenant de la vente de l’argenterie. Voyons, Bradshaw, que donneras-tu à celui qui te dira le nom du vendeur de l’argenterie ?