Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/306

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ARDEN DE FEVERSHAM.

douloureux sanglots ! que de navrantes afflictions — accompagnent ce gentil gentleman ! — Tantôt il agite sa tête bourrelée de soucis ; — tantôt il fixe ses yeux tristes sur la terre morne, — comme honteux de regarder l’humanité en face ; — tantôt il lève les yeux au ciel, — comme pour chercher là-haut le redressement de ses griefs ; — tantôt il essaie de tromper sa douleur — en commençant un récit avec l’accent de l’attention ; — alors le déshonneur de sa femme lui revient à la pensée — et lui coupe la parole au milieu de sa narration, — en versant de fraîches douleurs sur son être épuisé. — Jamais homme ne fut plus éprouvé. Jamais homme — n’eut à porter une telle charge de malheur, et n’en fut aussi accablé.

Entre Michel.
michel.

— Mon maître désirerait que vous vous missiez au lit.

francklin.

— Est-il, lui-même, déjà couché ?

michel.

— Oui, et il voudrait que les lumières fussent éteintes.

Sort Francklin.

— Des pensées contraires se heurtent dans mon cœur — et m’éveillent avec l’écho de leurs coups ; — et moi, juge entre elles, — je ne sais de quel côté décider la victoire. — Les bontés de mon maître implorent de moi sa vie — avec une juste insistance, et je devrais la leur accorder. — Mais mistress Arden m’a obligé à faire, — pour l’amour de Suzanne, un serment que je ne puis rompre ; — car l’amour d’une maîtresse est plus profond que l’amour d’un maître. — Ce gaillard à face sinistre, l’impitoyable Blackwill, — et ce Shakebag, si acharné aux sanglants stratagèmes, — les