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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE D’HOLINSHED.

prit la lettre ; et le lendemain matin, étant revenu à Feversham, la remit à mistress Arden. Greene et Blackwill partirent pour Londres à l’heure de la marée.

Au moment fixé, Greene montra à Blackwill maître Arden qui se promenait à saint Paul.

— Et qui donc marche à sa suite ? dit Blackwill.

— Un de ses gens, répondit Greene.

— Sangdieu ! s’écria Blackwill, je vais les tuer tous deux.

— Nullement, dit Greene, n’en faites rien ; car ce valet est avec nous dans cette affaire.

— Sangdieu ! ça m’est égal, je les tuerai tous deux.

— Non, non, n’en faites rien.

Alors Blackwill chercha à tuer maître Arden dans le cimetière de saint Paul, mais il y avait tant de gentlemen qui accompagnaient Arden que le projet fut manqué. Greene répéta au valet de maître Arden, un nommé Michel, ce que lui avait dit Blackwill, et depuis lors Michel craignit toujours que Blackwill ne le tuât. La raison pour laquelle Michel conspirait avec les autres contre son maître était la promesse qu’on lui avait faite de lui donner en mariage une parente de Mosby.

Maître Arden était alors logé dans un presbytère qu’il possédait à Londres. Michel et Greene convinrent donc que Blackwill viendrait un soir au presbytère, dont les portes seraient laissées ouvertes, pour assassiner maître Arden. Ce Michel, ayant mis son maître au lit, laissa les portes ouvertes, conformément à la convention ; son maître, étant couché, lui demanda s’il avait fermé les portes, et il répondit que oui ; mais ensuite Michel, craignant que Blackwill ne le tuât comme son maître, quand il serait au lit, se releva et referma les portes sous double verrou. Si bien que Blackwill, étant venu là et ayant trouvé les portes fermées, se retira fort désappointé. Le lendemain, il se ren-