Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/49

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INTRODUCTION.

devait être sa perte. Alice Arden, « jeune personne jolie et bien faite, » dit Holinshed, conçut une passion folle pour un domestique de son beau-père, un ancien garçon tailleur appelé Mosby, homme à figure basanée, a black swart man ; elle l’attira dans la maison conjugale et le prit pour amant. Maître Arden, qui était d’humeur plus que débonnaire, découvrit cette liaison secrète, et, loin de la contrarier, l’encouragea, « pour ne pas offenser sa femme, et ne pas perdre le bénéfice qu’il espérait tirer des puissantes relations qu’elle lui avait créées. » Bientôt mistress Arden ne se contenta plus de l’extrême liberté que lui laissait son mari. Elle voulut épouser l’homme dont elle était la maîtresse. Pour arriver à ses fins, elle résolut de se débarrasser de maître Arden. Après avoir vainement essayé de l’empoisonner, elle ourdit un complot pour le faire assassiner. Dans ce but, elle s’adjoignit pour complices Mosby, son amant, — Michel Sanderson, le domestique de confiance de maître Arden, — un certain Greene, qui avait été ruiné par maître Arden et qui le détestait, — et deux bandits, nommés Blackwill et Shakebag, qui, moyennant une somme de dix livres sterling, se chargèrent de commettre le meurtre. Longtemps maître Arden échappe aux assassins, grâce à quelque circonstance tutélaire. À Londres, au cimetière de Saint-Paul où il se promenait une après-dînée, il fut sauvé par la présence fortuite de quelques gentlemen qui l’accompagnaient. Une autre fois, à Londres encore, il fut préservé par un scrupule tardif de son valet de chambre Michel qui, après avoir promis d’introduire nuitamment les bandits, finit par leur fermer la porte. Plus tard, sur la dune de Raynham, il dut la vie à l’arrivée subite de quelques personnes qui firent route avec lui. — Les bandits, ainsi déconcertés, jurèrent de prendre leur revanche. Un matin qu’Arden devait se rendre de Feversham au manoir de sir Thomas Cheiny, ils convinrent de l’abattre à tel mo-