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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

si je m’étais renseigné près du charpentier qui avait construit le bâtiment. À la fin, comme nous approchions de terre, je me suis senti une faim horrible ; je suis allé à mon sac, le diable y avait mis la patte, les matelots m’avaient dévalisé ! Pourtant je ne puis pas les blâmer. Ç’a été un échange de bons procédés. Je leur avais dit de quel bois était fait leur navire, et eux, ils m’ont dévoré mes provisions. Service pour service… Bah ! si je pouvais seulement trouver mon maître Thomas dans cette ville flamande, il me mettrait de la bière anglaise dans le ventre.

Cromwell rentre.
cromwell.

Eh quoi ! Hodge, l’ouvrier de mon père ! Par cette main tendue, tu es le bienvenu. Comment va mon père ? Quoi de nouveau chez nous ?

hodge.

Maître Thomas ! Ô mon Dieu ! maître Thomas ! votre main ! et gantée encore !… Tout ceci est pour vous faire savoir que votre père se porte bien, et qu’Alice Downing m’a remis pour vous cette noix muscade, et Bess Faiteau, cette racine de gingembre. Mes camarades Will et Tom vous envoient à eux deux cette douzaine d’aiguillettes, et le bonhomme Toll, de la Chèvre, cette paire de mitaines. Moi, je suis venu en personne, et voilà toutes les nouvelles.

cromwell.

Grand merci, Hodge, tu es le bienvenu. Mais tu arrives aussi mal à propos que possible ; car je pars pour l’Italie. Qu’en dis-tu, Hodge ? veux-tu m’accompagner ?

hodge.

T’accompagner, Tom ! que me parles-tu d’Italie ? Quand ce serait au fin fond des Flandres, j’irais avec toi, Tom ! Je suis à toi, pour l’heur et le malheur, ta créature pour t’obéir. Entends-tu, Tom ? J’ai traversé les vagues rigoureuses sous