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LA VIE ET LA MORT DE THOMAS CROMWELL.

— Et c’est ici, dans ce Londres où je suis venu si souvent, — où j’ai fait du bien à tant de misérables, — qu’aujourd’hui, plus misérable moi-même, je me vois ainsi repoussé ! — En vain je mettrais leurs cœurs à une nouvelle épreuve. — Résignons-nous donc, couchons-nous là et mourons.

Il se couche par terre.
Entrent le bourgeois Seely et Jeanne, sa femme.
seely.

Allons, Jeanne, allons, voyons ce qu’il fera pour nous à présent. Je sais ce que nous avons fait pour lui, nous, quand bien des fois et bien souvent il aurait pu aller se coucher à jeun.

jeanne.

Hélas ! mon homme, le voilà lord maintenant ; jamais il ne voudra nous regarder. Il justifiera le vieux proverbe : Mettez un mendiant à cheval, et il partira au galop. Ah ! ma pauvre vache ! s’il ne nous avait pas mis en arrière comme ça, jamais nous n’aurions été obligés d’engager notre vache pour payer notre rente.

seely.

C’est vrai, Jeanne. Il va passer par ici ; et, de par tous les diables, je vais lui parler vertement. Quand il serait dix lords, il saura que je ne donne pas pour rien mon fromage et mon lard.

jeanne.

Te souviens-tu, mari, comme il mordait à mes gâteaux à la crème ? Il a oublié ça à présent, mais nous le lui rappellerons.

seely.

Oui, nous aurons pour notre peine trois coups de houssine. N’importe ! je bredouillerai un tantinet, mais je lui