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SCÈNE XVII.

cromwell.

— Me dire adieu ! Approche, Harry Cromwell. — Souviens-toi, enfant, des dernières paroles que je t’adresse. — Ne flatte pas la fortune ; ne te prosterne pas devant elle ; — n’aspire pas au pouvoir ; mais ne perds pas une étincelle d’honneur. — Évite l’ambition comme la peste. — Je meurs de la mort du traître, enfant, et ne l’ai jamais été. — Que ta loyauté soit immaculée comme la mienne, — et les vertus de Cromwell brilleront sur ton visage. — Allons ! viens me voir rendre le dernier soupir. — Je ne veux te quitter qu’au seuil de la mort.

harry cromwell.

— Ô père, je mourrai de voir ce coup fatal, et votre sang, en jaillissant, fera éclater mon cœur.

cromwell.

— Comment ! enfant, tu n’oses pas regarder la hache ? — Comment ferai-je donc, moi, pour lui offrir ma tête ? — Allons, mon fils ! viens voir la fin de tout, et tu diras après que Gardiner a causé ma chute.

gardiner.

— C’est la rancune qui vous fait parler ainsi, milord ; — je n’ai rien fait qu’obéir à la loi et à la justice.

bedford, à Gardiner.

— Oh ! mon cher lord de Winchester, taisez-vous ! — Vous auriez eu meilleure grâce à ne pas paraître ici — qu’à troubler de vos paroles un mourant.

cromwell.

— Qui ? moi, milord ? non, il ne me trouble pas. — Il n’ébranle pas mon âme, bien que son choc puissant — ait déjà fait tomber sur l’échafaud plus d’une noble tête. — Adieu, mon enfant, prends tout ce que Cromwell peut te léguer, — la bénédiction de son cœur. Séparons-nous !

le bourreau, à Cromwell.

— Je suis l’homme de votre mort. De grâce, pardonnez-moi, milord.