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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

SCÈNE V.
[Un appartement chez Lady Plus.]
Entre Moll.
moll.

Ne pas me marier ! Renoncer au mariage !… Eh ! toutes les femmes le savent, il est certes aussi honorable de se marier que de coucher avec un homme. Et moi, pour mieux narguer le vœu de ma sœur, j’ai déjà choisi un amoureux, un beau galant, un chevalier de la dernière plume ; il dit qu’il me mettra en carrosse, qu’il m’habillera à la mode, qu’il m’allouera de l’argent pour jouer aux dés, et maintes autres protestations aimables qu’il scelle sur mes lèvres. En effet, son père, fort asthmatique, est un campagnard prodigieusement riche, un monstrueux fermier ; il peut donc s’amouracher à loisir ; et, ma foi, je me risque sur lui. Les femmes ont mille moyens de se tirer d’affaire. S’il est intelligent et aimable, comme il promet de l’être, eh bien, je l’aimerai et je le traiterai gentiment ; si c’est un âne, eh bien, dans le délai d’un quart d’heure, je puis le métamorphoser en bœuf… Voici mon confident qui revient.

Entre Fragilité.
fragilité.

Oh ! mademoiselle Moll ! mademoiselle Moll !

moll.

Eh bien ! qu’y a-t-il ?

fragilité.

Le chevalier, votre amoureux, sir John Beaudenier !