Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/34

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INTRODUCTION.

elle adressa au conseil privé la supplique suivante, conservée aux archives du State papers office :

« Aux très-honorables lords du très-honorable conseil privé de sa majesté la reine.

» L’humble pétition de Thomas Pope, Richard Burbage, John Héminge, Augustin Philipps, William Shakespeare, William Kempe, William Sly, Nicolas Towley et autres serviteurs du très-honorable lord chambellan,

» Remontre très-humblement que les pétitionnaires sont propriétaires et acteurs du théâtre privé, situé dans le ressort et les franchises de Blackfriars, lequel a été depuis maintes années employé et affecté à la représentation des tragédies, comédies, histoires, intermèdes et autres pièces ;

» Que ce théâtre, par la raison qu’il est bâti depuis si longtemps, est tombé en grand délabrement et qu’il a été jugé nécessaire, non-seulement de le réparer, mais de le rendre plus commode pour la réception du public ;

» Que, dans ce but, les pétitionnaires ont tous avancé des sommes d’argent, proportionnelles à leurs parts de propriété dans ledit théâtre, qu’ils ont justement et honnêtement gagnées dans l’exercice de leur profession de comédiens ; mais que certaines personnes, dont quelques-unes sont honorables, habitant dans ledit ressort et dans lesdites franchises de Blackfriars, ont prié vos honorables seigneuries, non-seulement de ne pas permettre que le théâtre reste ouvert, mais de le fermer et de le clore désormais, au grave et manifeste préjudice des pétitionnaires qui n’ont pas d’autre moyen de faire vivre leurs femmes et leurs familles que l’exercice de leur profession ;

» En outre que, dans la saison d’été, les pétitionnaires peuvent jouer dans leur théâtre du Globe, récemment construit sur le Bankside, mais qu’en hiver ils sont obligés de se transporter à Blackfriars ; et que, si Vos Seigneuries consentent à la mesure que l’on réclame d’eux contre les pétitionnaires, non-seulement ceux-ci perdront, tant que dure l’hiver, les moyens de se nourrir, eux et leurs familles, mais ils seront dans l’impossibilité de monter les pièces et les intermèdes qu’ils peuvent être appelés à jouer pour la récréation et le soulas de Sa Majesté la Reine et de sa noble cour, comme ils l’ont fait jusqu’ici.

» Les pétitionnaires prient donc Vos Seigneuries de les autoriser à terminer les réparations et les changements qu’ils ont commencés ; et, attendu que les pétitionnaires ont été jusqu’ici pleins d’ordre dans leurs