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SCÈNE XI.

le capitaine.

Bonne explication, ma foi, George. Tu as parfaitement épluché ce dicton.

george.

Capitaine, ce n’est pas le moment de tergiverser ni de lambiner. Le vieux chevalier sera ici tout à l’heure. Je vous instruirai, je vous dirigerai, je vous dirai le secret du tour : ce n’est rien.

le capitaine.

Corbacque ! George, je ne sais pas ce que ça veut dire, évoquer. Je serai pendu avant de pouvoir évoquer.

george.

Bah ! ne me dites pas ça, capitaine ; ce qui est sûr, c’est que vous ne pourrez plus évoquer après que vous serez pendu… Écoutez bien, l’opération est délicate, mon cher. Vous commencez par étendre votre cercle sur le sol ; puis, après une petite cérémonie magique, pour laquelle je vous remettrai une baguette d’écuyer argentée tout exprès, vous entrez dans le cercle, en proférant un mot bien sonore, et en trépignant fortement… Par exemple, est-ce que vous n’avez jamais remarqué la démarche frémissante d’un comédien qui déchaîne une tempête avec sa langue et la foudre avec ses talons ?

le capitaine.

Oh ! oui, oui, oui ; souvent, souvent.

george.

Eh bien, imitez-le. Il faudra bien peu de chose pour jeter de la poudre aux yeux du vieux chevalier. Car notez bien que jamais il n’osera s’aventurer dans la chambre ; tout au plus, peut-être, regardera-t-il par le trou de la serrure, pour voir comment marche l’opération.

le capitaine.

Soit, je puis bien jouer ce rôle-là quand je voudrai ; mais, au bout du compte, George, je ne parviendrai qu’à