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ANTOINE ET CLÉOPATRE, ROMÉO ET JULIETTE.

nettoierait la mer de tous corsaires et larrons, et la rendrait sûre et navigable et outre enverrait quelque certaine quantité de blés à Rome, ils se convièrent les uns les autres à manger ensemble, et tirèrent au sort à qui le premier ferait le festin. Le sort échut premier à Pompéius, pourquoi Antonius lui demanda : Et où souperons-nous ? Là, répondit Pompéius, en lui montrant sa galère Capitainesse qui était à six rangs de rames : car c’est, dit-il, la seule maison paternelle qu’on m’a laissée. Ce qu’il disait pour piquer Antonius, à cause qu’il tenait la maison de Pompéius le Grand, son père : si fit jeter en mer force ancres pour assurer sa galère, et bâtir un pont de bois pour passer depuis le chef de Misène jusques en sa galère, où il les reçut et festoya à bonne chère : mais au milieu du festin, comme ils commençaient à s’échauffer et à gaudir Antonius de l’amour de Cléopatra, Ménas le corsaire s’approcha de Pompéius, et lui dit tout bas en l’oreille : Veux-tu que je coupe les cordages des ancres, et que je te fasse seigneur, non-seulement de Sicile et de Sardaigne, mais aussi de tout l’état et empire de Rome ? Pompéius, après avoir un petit pensé en soi-même, lui répondit : Tu le devais faire sans m’en avertir, mais maintenant contentons-nous de ce que nous avons : car quant à moi, je n’ai point appris de fausser ma foi, ni de faire acte de trahison.

(12) Julius Cæsar manda secrètement à Cléopatra qui était aux champs, qu’elle revînt ; et elle prenant en sa compagnie Apollodorus, Sicilien, seul de tous ses amis, se mit dedans un petit bateau, sur lequel elle vint aborder au pied du château d’Alexandrie qu’il était jà nuit toute noire : et n’ayant moyen d’y entrer autrement sans être connue, elle s’étendit tout de son long dessus un faisceau de hardes qu’Apollodorus plia et lia par-dessus avec une grosse courroie, puis le chargea sur son col, et le porta ainsi dedans à Cæsar par la porte du château. Ce fut la première amorce, à ce qu’on dit, qui attira Cæsar à l’aimer. » Plutarque traduit par Amyot. Vie de Julius Cæsar.

(13) « Cependant Ventidius défit une autre fois en bataille, qui fut donnée en la contrée Cyrrestique, Pacorus, le fils d’Orodes, roi des Parthes, lequelle était derechef venu avec grosse puissance pour envahir et occuper la Syrie, en laquelle journée il mourut un grand nombre de Parthes, et entre les autres y demeura Pacorus lui-même. Cet exploit d’armes, excellent entre les plus glorieux qui furent