Page:Shakespeare - Œuvres complètes, Laroche, 1842, vol 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CERVEAUVIDE. Je vous en remercie pour lui ; c’est un encouragement dont je vous suis obligé. Cousin, elle vous appelle : je vous laisse ensemble.

ANNA. Eh bien, monsieur Nigaudin ?

NIGAUDIN. Eh bien, miss Anna ?

ANNA. Quelle est votre volonté en dernière analyse ?

NIGAUDIN. Ma volonté dernière ? Par exemple, la plaisanterie est bonne ! Grâce à Dieu, je n’ai pas encore fait mon testament ; je me porte trop bien pour cela.

ANNA. Je vous demande ce que vous me voulez.

NIGAUDIN. Pour ce qui est de moi personnellement, je ne vous veux rien ou peu de chose ; votre père et mon oncle ont fait des propositions ; si je réussis, c’est bien ; sinon, c’est bien encore ! Ils peuvent mieux que moi vous dire où en sont les choses ; vous pouvez le demander à votre père ; le voici qui vient.


Entrent M. et Mme PAGE.

PAGE. Eh bien, monsieur Nigaudin ? Aime-le, ma fille. Que vois-je ? que fait ici monsieur Fenton ? Je trouve fort mauvais, monsieur, que vous hantiez ainsi ma maison ; je vous ai dit, monsieur, que j’ai disposé de la main de ma fille.

FENTON. Monsieur, veuillez vous calmer, je vous prie.

Mme PAGE. Veuillez, monsieur Fenton, cesser de voir ma fille.

PAGE. Elle n’est pas pour vous.

FENTON. Veuillez m’excuser.

PAGE. Non, monsieur Fenton. Venez, monsieur Cerveauvide ; venez, mon gendre Nigaudin, suivez-moi. Instruit, comme vous l’êtes, de mes intentions, vous avez tort, monsieur Fenton.

Page, Cerveauvide et Nigaudin sortent.

Mme VABONTRAIN. Parlez à madame Page.

FENTON. Ma bonne madame Page, la vertueuse affection que j’ai pour votre fille me donne la force de résister aux refus et aux dédains dont je suis l’objet. Je continuerai à arborer le pavillon de mon amour, et ne battrai point en retraite : que votre sympathie soit pour moi !

ANNA. Ma bonne mère, ne me mariez pas à l’imbécile qui vient de sortir.