Page:Shakespeare - Œuvres complètes, Laroche, 1842, vol 1.djvu/223

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Portez des vers luisants en guise de flambeau ;
Mais arrêtez ! je vois un enfant de la terre.

FALSTAFF. Que le ciel me protège contre ce démon gallois ; il serait homme à me prendre pour un morceau de fromage !

PISTOLET, à Falstaff.
Tu fus maudit, vil vermisseau,
Dans les entrailles de ta mère !
Mme VABONTRAIN.
À l’épreuve du feu, vite, mettons sa peau.
S’il est chaste de corps et d’âme,
De lui s’écartera la flamme.
Sain et sauf il échappera,
Et nullement ne souffrira ;
Mais si de la douleur il éprouve l’atteinte.
S’il exhale une seule plainte,
C’est un cœur gangrené que rien ne guérira
PISTOLET.
Essayons.
EVANS.
Essayons. Essayons si ce bois brûlera.
Ils approchent de lui leurs flambeaux.

FALSTAFF. Oh ! oh ! oh !

Mme VABONTRAIN.
Corrompu, corrompu, gangrené de luxure !
À l’œuvre, lutins, commençons ;
Que ce pécheur soit mis à la torture ;
Autour de lui dansons, dansons,
Et pinçons-le tous en mesure.

EVANS. C’est juste ; il est en effet plein de vices et d’iniquités.

Il chante.
Honte aux coupables plaisirs !
Honte à la luxure infâme !
La luxure est une flamme
Qu’allument d’impurs désirs ;
Flamme fatale et sanglante,
Que la pensée alimente.
Pincez, brûlez le mécréant !
Retournez-le sur son séant,
Farfadets, sylphes et génies :
Tourmentez-le jusqu’au moment
Où lune, étoiles et bougies
S’éteindront sous le firmament.
Pendant qu’il chante, les lutins et les fées pincent Falstaff en cadence ; le docteur Caïus vient d’un côté, et enlève une fée habillée de vert ; Nigaudin arrive du côté opposé, et enlève une fée vêtue de blanc ; puis arrive Fenton, qui enlève Anna Page. On entend dans le lointain un bruit de chasse ; les génies et les fées se sauvent ; Falstaff arrache ses cornes et se lève.