Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

232 LE roi JEAN.

non pas tout le premier récit, mais, par un seul mot, dis si ton récit est vrai.

sauseunv.-Aussi vrai que vous jugez faussement, al. que ce je suppose, ceux qui vous donnent cause de savoir que je dis vrai. ' ' `

constance.-Oh ! si tu n’enseignes at croire ft une telle douleur, enseigne aussi at cette douleur zi me faire mourir ; et que ma croyance et ma vie sîentre-choquent 1`une l’autre, comme deux ennemis furieux et désespérée qui, al la première rencontre, tombent et meurent.-Louis épouse Blanche ! 0 mon fils ! que deviens-tu ? La France, l’amie de l’Angleterre ! Que vais«je devenir ? Va t’en : je ne puis supporter ta vue ; cette nouvelle t’a rendu un homme affreux a mes yeux.

sauseunr.-Quel autre mal ai-je fait, bonne clame, que cle vous raconter le mal qui a été fait par (1'autres ? consmuce.-Ce mal est en lui-ménie si odieux, qu’il rend malfaisant tous ceux qui en parlent. Anrnun.-Je vous en supplie, madame, prenez patience. coNs’r, mcu.-Ali ! si toi, qui veux que je prenne patience, si tu etais laid, déshonorant pour le sein de ta nière, couvert de marques désagréables et de taches repoussantes, estropié, imbécile, contre lait, noir, difforme, parsemé de vilaines protubérances et de sign es choquan ts à1`œil, je ne n’inquiéterais point, je prendrais patience alors, car alors je ne t’aimerais pas, car tu serais indigne de ta haute naissance et ne mériterais pas une couronne. Mais tu es beau, et zi La naissance, cher enfant, la nature et la fortune se sont associées pour te rendre grand. Pour les dons de la nature, tu peux rivaliser avec les lis et les roses a demi épanouies : mais la fortune ! Oh ! elle est corrompue, changée et séduite partes ennemis ; elle commet adultère a toute heure avec ton oncle Jean ; et sa main dorée a entraîné le roi de France et fouler aux pieds le pur honneur des souverains, et zi prostituer la majesté royale au service de leurs amours. Oui, le roi de France est l’entren metteur de la fortune et du roi Jean ; de la fortune, cette vile courtisane ; de Jean, cet usurpa-