Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 6.djvu/50

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1.48 LE LIARGHÀND innvauisu.

Parce que je suis un Juif. Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? un Juif n’a t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? ne se nourrit-il pas des mêmes aliments ? n’est-il pas blesse des mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffe par le même été et glace par le même hiver qu’un chrétien ? si vous nous piques, neI saignons-nous pas ? si vous nous chatouillez, ne rions nous pas ? si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? et si vous nous outragez, ne nous vengerons-nous pas ? si nous sommes semblables at vous dans tout le reste, nous vous ressemblerons aussi en ce point. Si un Juif outrage un chrétien, quelle est la modération de celui-ci ? La vengeance. Si un chrétien outrage un Juif, comment doit-il le supporter, d“après Pexemple du chrétien ? En se vengeant. Je mettrai en pratique les scélératesses que vous n’apprenez ; et il y aura malheur si je ne surpasse pas mes maîtres. p *.

' (Entre un valet.)

VALET d’Amcmio.-Messieurs, mon maître Antonio

est chez lui, et désire vous parler a tous deux. SALARINO.-Nous l’avons cherche de tous côtés. sALANxo.-En voici un autre de la tribu. On n’e11 trouverait pas un troisième de la même secte, à moins que le diable en personne ne se fit Juif. (Salanio et Salarino sortent.)

(Entre Tubal.) H

SHYLOCK.*Eh bien ! Tubal, quelles nouvelles de Gênes ? As-tu trouvé ma fille ?

TUBAL.-J’ai, en beaucoup d’endroits, entendu parler d’el1e ; mais je n’ai pu la trouver. i 'J surnocii.-Quoi ! quoi 2—Voyez, voyez, voyez un diamant qui m’a coute deux mille ducats si Francfort, que voila parti. Jamais notre nation ne fut maudite comme à présent..... Je ne 1'ai jamais éprouve, comme je l’ep1-ouve aujourd’hui. Deux mille ducats, dans cette affaire, et d’autres précieux bijouxlflî. Je voudrais voir ma fille morte a mes pieds et les diamantasses oreilles. Que nies telle ensevelie a mes pieds, et les ducats dans sa biens !