Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/128

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de coqs peut-elle contenir les vastes plaines de la France ? pouvons-nous entasser dans cet Ô[1] de bois tous les milliers de casques qui épouvantèrent le ciel d’Azincourt ? Pardonnez, si un chiffre si minime doit représenter ici, sur un petit espace, un million. Permettez que, remplissant l’office des zéros dans cet énorme calcul, nous fassions travailler la force de votre imagination. Supposez qu’en ce moment, dans l’enceinte de ces murs, sont enfermées deux puissantes monarchies, dont les fronts levés et menaçants, l’un contre l’autre opposés, ne sont séparés que par l’Océan, étroit et périlleux : réparez par vos pensées toutes nos imperfections : divisez un homme en mille parties ; et voyez en lui une armée imaginaire : figurez-vous, lorsque nous parlons des coursiers, que vous les voyez imprimer leurs pieds superbes sur le sein foulé de la terre. C’est à votre pensée à orner en ce moment nos rois ; qu’elle les transporte d’un lieu dans un autre, qu’elle franchisse les barrières du temps, et resserre les événements de plusieurs années dans la durée d’une heure. Pour suppléer aux lacunes, souffrez qu’un chœur complète les récits de cette histoire : c’est lui qui, dans cet instant, tenant la place du prologue, implore votre attention patiente, et vous prie d’écouter et de juger la pièce avec indulgence.

  1. O, lettre de l’alphabet. Allusion à la forme circulaire de cette lettre.