Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/152

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nous sommes forcé de vous livrer à ses lois. Sortez de ces lieux, coupables et malheureuses victimes, et allez à la mort. Dieu veuille, dans sa clémence, vous accorder la force d’en subir l’amertume avec patience, et le repentir sincère de votre énorme forfait ! Qu’on les emmène. (On les entraîne.) Maintenant, lords, en France ! Cette entreprise vous promet, comme à nous, une gloire éclatante. Nous ne doutons plus de l’heureux succès de cette guerre. Puisque Dieu a daigné, dans sa bonté, mettre en lumière cette fatale trahison, qui s’était cachée sur notre route, pour nous arrêter à l’entrée de notre carrière, nous devons croire à présent que tous les obstacles s’aplaniront devant nous. Ainsi en avant chers compatriotes : remettons nos forces entre les mains du Tout-Puissant, et ne différons plus l’expédition. Allons gaiement à bord : que les étendards de la guerre se déploient et s’avancent. Plus de roi d’Angleterre, s’il n’est pas aussi roi de France !

(Tous sortent.)


Scène III

Londres. — La maison de l’hôtesse Quickly, dans East-Cheap. Entrent PISTOL, NYM, BARDOLPH, LE PAGE DE FALSTAFF ET L’HÔTESSE QUICKLY.

l’hôtesse, à Pistol. — Je t’en prie, mon cœur, mon cher petit mari, souffre que je te ramène à Staines.

Pistol. — Non, mon grand cœur est tout navré. Allons, Bardolph, réveille ton humeur joviale ; Nym, ranime tes bravades et ta verve ; et toi, petit drôle, arme ton courage, car Falstaff est mort : il nous faut témoigner nos regrets.

Bardolph. — Je voudrais être avec lui quelque part, soit au ciel ou en enfer.

l’hôtesse. — Oh ! certainement il n’est pas en enfer : il est dans le sein d’Arthur, si jamais homme y fut. Il a