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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/161

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fille Catherine, et avec elle, en dot, quelques vains et stériles duchés. — L’offre ne plaît point à Henri, et déjà l’actif canonnier touche de sa mèche le bronze infernal (bruits de combat ; on entend une décharge d’artillerie), et tout se renverse devant ses foudres. Continuez d’être favorables, et que vos pensées complètent notre représentation.

(Le chœur sort.)



Scène I

Harfleur assiégé. — Bruit de combat. Entrent LE ROI HENRI, EXETER, BEDFORD, GLOCESTER, et des soldats avec des échelles de siége.

Le roi. — Allons, encore une fois à la brèche, chers amis, encore une fois : emportez-la d’assaut, ou comblez-la de morts. Dans la paix, rien ne sied tant à un homme que la modeste douceur et l’humilité ; mais lorsque la tempête de la guerre souffle à nos oreilles, alors imitez l’active fureur du tigre : roidissez vos muscles, réveillez tout votre sang, défigurez vos traits naturels sous ceux d’une rage farouche, prêtez à votre œil un aspect terrible ; qu’il sorte de son orbite, comme le canon d’airain ; que votre sourcil l’ombrage et inspire autant d’effroi qu’un rocher ruiné, qui semble rejeter sa base minée par le sauvage et pernicieux Océan ; montrez les dents, ouvrez de larges narines, contenez votre haleine, et tendez tous vos esprits jusqu’à leur dernier effort. — Courage ! courage ! nobles Anglais, dont le sang découle d’aïeux à l’épreuve de la guerre, d’ancêtres qui, comme autant d’Alexandres, ont, dans ces contrées, combattu depuis le soleil naissant jusqu’à son coucher, et n’ont reposé leurs épées que lorsque les ennemis leur ont manqué. Ne déshonorez pas vos mères : prouvez aujourd’hui que ceux à qui vous donnez le nom de pères vous ont réellement engendrés ; servez de modèle aux hommes d’un sang moins noble, et enseignez-leur à