Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/182

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Le connétable. — Sur ma foi, très-caché. Il n’y a jamais eu que son laquais qui l’ait vu ; mais sa valeur est comme le faucon encore coiffé de son chaperon : quand on le lâchera, on verra son essor.

Le Duc d’Orléan. — Jamais la haine n’a dit du bien de son ennemi.

Le connétable. — Je payerai ce proverbe d’un autre : Jamais l’amitié n’est exempte de flatterie.

Le Duc d’Orléan. — Et moi je répondrai par cet autre : Rendez même au diable ce qui lui est dû.

Le connétable. — C’est bien dit. Vous avez votre âme pour jouer le rôle du diable. Je riposte à ce proverbe par ces mots : La peste du diable !

Le Duc d’Orléan. — Vous êtes le plus fort de nous deux aux proverbes. Le trait d’un fou est bientôt lancé.

Le connétable. — Vous avez lancé le vôtre de travers.

Le Duc d’Orléan. — Ce n’est pas la première fois que vous avez été manqué.

(Entre un messager.)

le messager. — Seigneur connétable, les Anglais ne sont plus qu’à quinze cents pas de votre tente.

Le connétable. — Qui en a mesuré l’espace ?

le messager. — Le seigneur Grandpré.

Le connétable. — C’est un brave homme, et qui a une grande expérience. — Je voudrais qu’il fît jour. Hélas ! le pauvre Henri d’Angleterre ne soupire pas comme nous, je crois, après la naissance du jour.

Le Duc d’Orléan. — Qui est donc ce maussade et pauvre roi d’Angleterre, pour venir rêver avec ses stupides Anglais si loin des lieux de sa connaissance ?

Le connétable. — Si les Anglais avaient un grain de bon sens, ils se sauveraient.

Le Duc d’Orléan. — Oh ! c’est de bon sens qu’ils manquent ; car si leurs cervelles avaient la moindre défense intellectuelle, jamais ils ne pourraient porter des casques si pesants.

rambure. — Il faut avouer que cette île d’Angleterre produit de valeureuses créatures : leurs dogues, par exemple, sont d’un courage sans pareil.