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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 7.djvu/214

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les traits de Votre Majesté ; vous ne m’avez paru que comme un soldat ordinaire, témoin la nuit qu’il faisait, votre uniforme et votre air soumis ; et ce que Votre Altesse a souffert sous cette forme, je vous supplie de le regarder comme votre faute et non comme la mienne ; car si vous eussiez été ce que je vous croyais, il n’y avait point d’offense : c’est pourquoi je supplie Votre Altesse de me pardonner.

Le roi. — Tenez, mon oncle Exeter, remplissez ce gant d’écus, et donnez-le à ce soldat. — Garde-le, soldat, et porte-le à ton bonnet comme une marque d’honneur, jusqu’à ce que je le réclame : donnez-lui les écus. (A Fluellen.) Et vous, capitaine, il faut être aussi de ses amis.

Fluellen. — Par ce jour et par cette lumière, ce drôle-là a du courage et du feu dans le ventre. Tiens, voilà un écu pour toi, et je te recommande de servir bien Dieu, et de te préserver des brouilleries, des vacarmes et des querelles, et des discussions, et je t’assure que tu t’en trouveras mieux.

Williams. — Je ne veux point de votre argent.

Fluellen. — C’est de bon cœur : moi je te dis que cela te servira pour raccommoder ton havre-sac : allons, pourquoi faire le honteux comme cela ? Ton havre-sac n’est déjà pas si bon. C’est un bon écu, je t’assure, ou bien attends, je le changerai.

(Entre un héraut.)

Le roi. — Eh bien, héraut, les morts sont-ils comptés ?

le héraut. — Voici la liste de ceux de l’armée française.

Le roi. — Digne oncle, quels sont les prisonniers de marque que nous avons faits ?

Exeter. — Charles, duc d’Orléans, neveu du roi ; Jean, duc de Bourbon, et le seigneur Boucicaut, et des autres seigneurs, barons, chevaliers, gentilshommes, quinze cents, sans compter les soldats.

Le roi. — Cette liste porte dix mille Français morts restés sur le champ de bataille. Dans ce nombre, il y en a cent vingt-six, tant princes que nobles, portant ban-