Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/131

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bonheur de posséder de belles femmes, ils veulent taxer les unes, déshonorer les autres. Et qu’est le chef qui les conduit, qu’un pauvre misérable nourri longtemps en Bretagne, aux dépens de notre patrie ? Une vraie soupe au lait, qui n’a jamais de sa vie senti seulement ce qu’on a de froid en enfonçant le pied dans la neige jusque par-dessus la chaussure ! Repoussons à coups de fouet ces bandits sur les mers ; chassons à coups de lanières cette canaille téméraire échappée de la France ; ces mendiants affamés, lassés de vivre, qui, sans le rêve insensé qu’ils ont fait sur cette folle entreprise, gueux comme des rats, se seraient pendus eux-mêmes. Si nous avons à être vaincus, que ce soit du moins par des hommes, et non par ces bâtards de Bretons que nos pères ont battus, insultés, assommés, et dont ils ont perpétué la honte par des ignominies authentiques. Quoi ! ces gens-là prendraient nos terres, coucheraient avec nos femmes, raviraient nos filles ? ― Écoutez, j’entends leurs tambours. (On entend les tambours de l’ennemi.) Au combat, gentilshommes anglais ! au combat, brave milice ; tirez, archers, vos flèches à la tête. Enfoncez l’éperon dans les flancs de vos fiers chevaux et galopez dans le sang. Effrayez le firmament des éclats de vos lances. (Entre un messager.) Que dit lord Stanley ? il amènera ses troupes.

Le Messager. ― Seigneur, il refuse de marcher.

Le roi Richard. ― Qu’on tranche sur-le-champ la tête à son fils George !

Norfolk. ― Mon prince, l’ennemi a passé le marais. Remettez après la bataille à faire mourir George Stanley.

Le roi Richard. ― Un millier de cœurs grandissent dans mon sein. En avant nos étendards ! Fondons sur l’ennemi ; que notre ancien cri de guerre, beau saint George ! nous inspire la rage de dragons enflammés ! À l’ennemi ! La victoire est sur nos panaches.

(Ils sortent.)