Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
180
HENRI VIII.

prompte à l’accuser, elle dédaigne de se soumettre à sa décision ; cette conduite n’est pas louable : elle s’en va. LE ROI HENRI. — Qu’on la rappelle. LE CRIEUR. — Catherine, reine d’Angleterre, paraissez devant la cour. GRIFFITH. — Madame, on vous somme de revenir. CATHERINE. — Qu’avez-vous besoin d’y faire attention ? Je vous prie, songez à vos affaires, et quand on vous appellera, retournez. Que Dieu veuille me secourir ! Ils me vexent au point de me faire perdre patience. — Je vous prie, avancez ; je ne veux point rester. Non, et jamais on ne me reverra une autre fois comparaître dans aucune de leurs cours pour cette affaire.

(Sortent la reine, Griffith et le reste de sa suite.)

LE ROI HENRI. — Fais ce que tu voudras, Catherine. S’il se trouve un homme dans le monde entier qui ose avancer qu’il possède une meilleure épouse, qu’il ne soit jamais cru en rien pour avoir avancé un mensonge en ce point. Si tes rares qualités, ton aimable douceur, ton angélique et céleste résignation, cet art d’une épouse d’obéir avec dignité, et tes vertus souveraines et religieuses pouvaient parler et te peindre, tu serais toi seule la reine de toutes les reines de la terre. Sa naissance est illustre, et elle s’est toujours conduite à mon égard d’une manière digne de sa haute noblesse. WOLSEY. — Gracieux souverain, je requiers très-humblement Votre Majesté de vouloir bien déclarer en présence de toute cette assemblée (car il est juste que je sois dégagé au lieu même où j’ai été lié et dépouillé, quoique je n’y reçoive pas une entière satisfaction), si jamais j’ai entamé la proposition de cette affaire à Votre Majesté, ou jeté dans votre chemin quelque scrupule qui pût vous amener à la mettre en question, ou si jamais, autrement qu’avec des actions de grâces à Dieu pour nous avoir donné une telle reine, je vous ai parlé d’elle et dit le moindre mot qui pût porter préjudice à sa grandeur actuelle, ou faire tort à sa vertueuse personne. LE ROI HENRI. — Milord cardinal, je vous décharge du reproche ; oui, sur mon honneur, je vous en absous