Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/194

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HENRI VIII.

SUFFOLK. — Je lui dis amen. NORFOLK. — Tout le monde en fait autant. SUFFOLK. — Les ordres sont donnés pour son couronnement ; mais cette nouvelle est bien jeune encore, et il n’est pas besoin de la raconter à toutes les oreilles. — Mais en vérité, milords, c’est une charmante créature, et parfaite d’âme et de figure. Je me persuade que le Ciel, par son moyen, fera tomber sur ce pays quelque bienfait dont il célébrera la mémoire. SURREY. — Mais le roi digérera-t-il la lettre du cardinal ? Le Ciel nous en préserve ! SUFFOLK. — Je dis encore amen. Non, non, d’autres guêpes qui bourdonnent encore devant son visage ne lui feront que mieux sentir la piqûre de celle-ci. Le cardinal Campeggio est reparti furtivement pour Rome : il n’a pris congé de personne ; il a laissé l’affaire du roi toute démanchée, et il s’est mis en route comme agent de notre cardinal pour appuyer toute son intrigue. Je sais certainement qu’à cette nouvelle le roi a crié, ah ! LE CHAMBELLAN. — Dieu veuille l’irriter de plus en plus, et lui faire crier, ah ! encore plus fort. NORFOLK. — Mais, milord, quand revient Cranmer ? SUFFOLK. — Il est de retour, dans les mêmes opinions qui, ainsi que celles de presque tous les colléges célèbres de la chrétienté, ont tranquillisé le roi sur son divorce. Je crois que ce second mariage ne tardera pas à être déclaré, et que le couronnement suivra de près. Catherine n’aura plus le titre de reine, mais celui de princesse douairière, veuve du prince Arthur. NORFOLK. — Ce Cranmer est un digne homme, et il s’est donné beaucoup de peine dans l’affaire du roi. SUFFOLK. — Beaucoup : aussi, pour sa récompense, nous le verrons archevêque. NORFOLK. — C’est ce que j’ai ouï dire. SUFFOLK. — Oui, n’en doutez pas. Le cardinal…

(Entrent Wolsey et Cromwell.)

NORFOLK, aux autres lords. — Observez-le, observez-le : il a de l’humeur. WOLSEY. — Le paquet, Cromwell, l’avez-vous donné au roi ?