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HENRI VIII.

vous faire trembler plus que la cloche du saint sacrement lorsqu’elle vient à passer tandis que votre brune maîtresse est dans vos bras à vous caresser, lord cardinal. WOLSEY. — Combien, à ce qu’il me semble, je pourrais mépriser cet homme, si je n’étais retenu par le devoir de la charité ! NORFOLK. — Ce recueil, milord, est dans les mains du roi ce que nous en savons, c’est qu’il est bien odieux. WOLSEY. — Mon innocence n’en sortira que plus pure et plus éclatante lorsque le roi connaitra ma fidélité. SURREY. — Cela ne vous sauvera pas… Ah ! grâce à ma mémoire, je me rappelle encore quelques-uns des articles et ils seront produits. Maintenant si vous êtes capable de rougir et de vous dire coupable, cardinal, vous nous montrerez du moins quelque reste d’honnêteté. WOLSEY. — Dites, monsieur j’ose braver toutes vos imputations. Si je rougis, c’est de voir un noble choquer toutes les bienséanees. SURREY. — Il vaut mieux manquer de politesse et conserver sa tête. — Répondez à cette attaque. D’abord sans le consentement et à l’insu du roi, vous êtes parvenu à vous faire nommer légat, et vous avez abusé de ce pouvoir, pour mutiler la juridiction de tous les évêques. NORFOLK. — Ensuite, dans toutes les lettres que vous avez écrites à Rome et aux princes étrangers, vous employez toujours cette formule : ego et rex meus, en sorte que vous représentiez le roi comme votre serviteur. SUFFOLK. — Ensuite, à l’insu du roi et du conseil, lorsque vous êtes allé en qualité d’ambassadeur vers l’empereur, vous avez eu l’audace de porter en Flandre le grand sceau. SURREY. — Item. Vous avez envoyé d’amples pouvoirs à Grégoire de Cassalis pour conclure, sans l’aveu du roi, ou l’autorisation de l’État, une ligue entre Sa Majesté et Ferrare. SUFFOLK. — Par pure ambition, vous avez fait frapper l’empreinte de votre chapeau de cardinal sur la monnaie du roi.