Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/428

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L’amour brillait à ce point entre eux que la tourterelle voyait briller ses droits dans les yeux du phénix : chacun des deux était le trésor de l’autre.

La propriété était ainsi troublée de ce que l’individualité n’était pas la même ; le double nom d’une nature unique n’était ni un ni deux.

La raison confondue en elle-même voyait des êtres divisés exister ensemble, ne se connaissant plus séparément, tant leurs natures étaient confondues.

Et elle criait : Comme cet être unique semble véritablement en former deux ! L’amour a raison, la raison n’en a point ; ce qui est séparé peut ainsi rester uni.

C’est là-dessus qu’elle a chanté cet hymne funèbre au phénix et à la tourterelle, tous les deux maîtres et étoiles de l’amour, pour servir de chœur à leur fin tragique.

THRENOS

La beauté, la vérité et la rareté, la grâce dans toute sa simplicité gisent ici réduites en cendres.

La mort est maintenant le nid du phénix, et le fidèle cœur de la tourterelle se repose à toute éternité.

Ils n’ont point laissé de postérité, ce n’était pas par infirmité, mais par chasteté dans le mariage.

La vérité peut se parer d’apparences, mais elle n’est plus ; la beauté peut se vanter, mais ce n’est plus elle ; la vérité et la beauté sont enterrées ici.

Que celles qui sont belles ou fidèles s’approchent de cette urne et disent une prière pour ces oiseaux qui sont morts.