Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/61

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à qui leurs actions l’ont rendu nécessaire, et qui ont assez de jugement pour le réclamer. Mais le prince ne peut ni le réclamer ni en avoir besoin. Il n’est donc pas, à mon avis, en droit de l’obtenir ; ainsi, en le faisant sortir de là où il ne peut être, vous ne violez aucun privilège, aucune charte. J’ai souvent ouï parler d’hommes réfugiés dans le sanctuaire ; mais d’enfants, jamais jusqu’à présent.

L’Archevêque― Milord, pour cette fois votre opinion l’emporte sur la mienne.― Allons, milord Hastings, voulez-vous venir avec moi ?


Hastings. ― Je vous suis, milord.

Le Prince.― Chers lords, faites, je vous prie, toute la diligence qui vous sera possible. (Sortent le cardinal et Hastings.) Dites, mon oncle Glocester, si notre frère vient, où logerons-nous jusqu’au jour de notre couronnement ?

Glocester. ― Dans le lieu qui plaira le plus à Votre Altesse. Si vous voulez suivre mon conseil, vous vous reposerez un ou deux jours à la Tour, et ensuite dans le lieu qui vous plaira, et qui sera jugé le plus favorable à votre santé et à vos amusements.

Le Prince.― La Tour est l’endroit du monde qui me plaît le moins.― Est-il vrai, mon oncle, que ce soit Jules César qui l’ait bâtie ?

Glocester. ― C’est lui, mon gracieux seigneur, qui l’a bâtie d’abord ; puis dans la suite des siècles elle a été rebâtie plusieurs fois.

Le Prince.― Ce fait est-il constaté par des actes, ou bien a-t-on seulement raconté d’âge en âge que c’est lui qui l’avait bâtie ?

Buckingham. ― Par des actes, milord.

Le Prince.― Mais supposez, milord, que cela n’eût pas été consigné dans les archives, il me semble que la vérité devrait vivre d’âge en âge, comme un héritage