prince, mon frère, a grandi beaucoup plus que moi.
Glocester. ― Il est vrai, milord.
York.― Il est donc mauvais ?
Glocester. ― Ô mon beau cousin ! je ne dis pas cela du tout.
York.― En ce cas, il vous a plus d’obligation que moi.
Glocester. ― Il peut me commander, lui, à titre de mon souverain ; et vous, vous avez sur moi le pouvoir d’un parent.
York.― Je vous prie, mon oncle, donnez-moi ce poignard.
Glocester. ― Mon poignard, petit cousin ? De tout mon cœur.
Le Prince.― Mendie-t-on comme cela, mon frère ?
York.― Ce n’est qu’à mon cher oncle, qui, je le sais bien, me le donnera volontiers : ce n’est qu’une bagatelle qu’il ne peut pas avoir de peine à me donner.
Glocester. ― Je veux faire à mon cousin un plus beau présent.
York.― Un plus beau présent ! Oh ! vous voulez donc y joindre l’épée ?
Glocester. ― Oui, mon beau cousin, si elle était assez légère.
York.― Oh ! je vois bien que vous n’aimez à me faire que des dons légers ; et, dans des demandes d’un plus grand poids, vous refuseriez au mendiant.
Glocester. ― Mais elle est, pour vous, trop pesante à porter.
York.― Fût-elle plus pesante, je la manierais très-facilement.
Glocester. ― Quoi ! vous voudriez avoir mon épée, petit lord ?
York.― Oui, je le voudrais, pour vous remercier de l’épithète que vous me donnez.
Glocester. ― Quelle épithète ?
York.― Petit.
Le Prince.― Milord d’York sera toujours contrariant dans ses discours : mais, mon oncle, Votre Grâce sait comment le supporter.