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ACTE I, SCÈNE II.

si elle sera dirigée vers l’Orient, ou vers l’Occident ; la disette est grande, le peuple mutin. On dit que Cominius, Marcius, votre ancien ennemi, mais plus haï dans Rome qu’il ne l’est de vous, et Titus Lartius, un des plus vaillants Romains, sont tous trois chargés de conduire cette armée à sa destination, quelle qu’elle soit ; il est vraisemblable que c’est contre vous. Tenez-vous sur vos gardes. »

premier sénateur.—Notre armée est en campagne. Nous n’avons jamais douté que Rome ne fût prête à nous répondre.

aufidius.—Mais vous avez jugé prudent de tenir secrets vos grands desseins, jusqu’au jour qui devait nécessairement les dévoiler. À peine conçus, ils sont connus à Rome.—Nos projets ainsi découverts n’atteindront plus leur but, qui était de prendre plusieurs villes avant même que Rome sût que nous étions sur pied.

second sénateur.—Noble Aufidius, recevez votre commission et volez à vos troupes. Laissez-nous seuls garder Corioles : si les Romains viennent camper sous ses murs, ramenez votre armée pour faire lever le siège ; mais vous verrez, je crois, que ces grands préparatifs n’ont pas été faits contre nous.

aufidius.—Ne doutez pas de ce que je vous dis : je ne parle que d’après des informations certaines. Je dirai plus, déjà plusieurs corps de l’armée romaine sont en campagne, et marchent droit sur nous. Je laisse vos seigneuries. Si nous venons à nous rencontrer, Marcius et moi, nous avons juré de combattre jusqu’à ce que l’un de nous deux fût hors d’état de continuer.

tous les sénateurs.—Que les dieux vous secondent !

aufidius.—Qu’ils veillent sur vos seigneuries !

premier sénateur.—Adieu !

second sénateur.—Adieu !

tous ensemble.—Adieu !

(Ils sortent.)