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ACTE I, SCÈNE III.

au poil d’un coursier[1], n’a pas encore le venin du serpent, mais est déjà doué de la vie. Apprends à ceux dont l’emploi dépend de nous, que notre bon plaisir est de nous éloigner promptement de ces lieux.

Énobarbus.

Je vais exécuter vos ordres.

(Ils sortent.)



Scène III

CLÉOPÂTRE, CHARMIANE, ALEXAS, IRAS.
Cléopâtre.

Où est-il ?

Charmiane.

Je ne l’ai pas vu depuis.

Cléopâtre.

Voyez où il est ; qui est avec lui, et ce qu’il fait. Je ne vous ai pas envoyée. — Si vous le trouvez triste, dites que je suis à danser ; s’il est gai, annoncez que je viens de me trouver mal. Volez, et revenez.

Charmiane.

Madame, il me semble que si vous l’aimez tendrement, vous ne prenez pas les moyens d’obtenir de lui le même amour.

Cléopâtre.

Que devrais-je faire,… que je ne fasse ?

Charmiane.

Cédez-lui en tout ; ne le contrariez en rien.

Cléopâtre.

Tu parles comme une folle ; c’est le moyen de le perdre.

Charmiane.

Ne le poussez pas ainsi à bout, je vous en prie, prenez garde : nous finissons par haïr ce que nous craignons trop souvent. (Antoine entre.) Mais voici Antoine.

Cléopâtre.

Je suis malade et triste.

Antoine.

Il m’est pénible de lui déclarer mon dessein.

Cléopâtre.

Aide-moi, chère Charmiane, à sortir de ce lieu. Je vais tomber. Cela ne peut durer longtemps : la nature ne peut le supporter.

Antoine.

Eh bien ! ma chère reine…

  1. Une vieille superstition populaire disait que la crinière d’un cheval tombant dans de l’eau corrompue se changeait en animaux vivants.