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ACTE I, SCÈNE II.

quartiers et chasser le peuple des rues ; faites-en de même partout où vous le trouverez attroupé. Ces plumes naissantes arrachées de l’aile de César ne le laisseront voler qu’à la hauteur ordinaire ; autrement dans son essor, il s’élèverait trop haut pour être vu des hommes, et nous tiendrait tous dans un servile effroi.

(Ils sortent.)

SCÈNE II

Toujours à Rome. — Une place publique.
Entrent en procession et avec la musique CÉSAR, ANTOINE préparé pour la course ; CALPHURNIA, PORCIA, DÉCIUS, CICÉRON, BRUTUS, CASSIUS, CASCA. — Ils sont suivis d’une grande multitude dans laquelle se trouve un devin.

CÉSAR. — Calphurnia !

CASCA. — Holà silence ! César parle[1].

(La musique cesse.)

césar. — Calphurnia !

calphurnia. — Me voici, mon seigneur.

césar. — Ayez soin de vous tenir sur le passage d’Antoine, quand il courra. — Antoine !

antoine. — César, mon seigneur.

césar. — N’oubliez pas en courant, Antoine, de toucher Calphurnia ; car nos anciens disent que les femmes infécondes, en se faisant toucher dans cette sainte course, secouent la malédiction qui les rendait stériles.

antoine. — Je m’en souviendrai. Quand César dit : Faites cela, cela est fait.

  1. Voltaire, paix, messieurs ; le mot messieurs, qu’il attribue ici à César, n’a aucun équivalent dans l’original. Voltaire traduit aussi constamment le my lord par mylord, qui n’en est point la traduction. Mylord n’est qu’une application particulière que les Anglais font du mot de lord à la dignité de pair, et qui n’affecte en rien la signification générale de ce mot, consacré en anglais à exprimer toutes les sortes de dominations et de dignités, en sorte qu’à moins qu’il ne s’applique à des pairs d’Angleterre, il doit être traduit, comme tous les autres mots de la langue ; par un équivalent français.