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ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

mieux que je ne fusse pas à vous, que d’être à vous sans honneur. Mais, comme vous l’avez demandé, vous pouvez être médiatrice entre nous deux. Pendant ce temps, je vais faire des préparatifs de guerre capables d’arrêter votre frère. Faites toute la diligence que vous voudrez, vos désirs sont accomplis.

Octavie.

J’en rends grâce à mon seigneur. — Que le tout-puissant Jupiter fasse de moi, femme faible, bien faible, votre réconciliatrice ! La guerre entre vous deux, c’est comme si le globe s’entr’ouvrait et qu’il fallût combler le gouffre avec des cadavres.

Antoine.

Dès que vous reconnaîtrez où commencent ces maux, tournez de ce côté votre déplaisir ; car nos fautes ne peuvent jamais être si égales, que votre amour puisse se diriger également des deux côtés. Disposez tout pour votre départ ; nommez ceux qui doivent vous accompagner, et faites toutes les dépenses que vous voudrez.

(Ils se séparent.)



Scène V

Athènes : un autre appartement de la maison d’Antoine.
ÉNOBARBUS et ÉROS se rencontrent.
Énobarbus.

Eh bien ! ami Éros ?

Éros.

Il y a d’étranges nouvelles, seigneur.

Énobarbus.

Quoi donc ?

Éros.

César et Lépide ont fait la guerre à Pompée.

Énobarbus.

Ceci est vieux ; qu’elle en a été l’issue ?

Éros.

César, après avoir profité des services de Lépide dans la guerre contre Pompée, lui a refusé ensuite l’égalité du rang, n’a pas voulu qu’il partageât la gloire du combat, et, ne s’arrêtant pas là, il l’accuse d’avoir entretenu auparavant une correspondance avec Pompée. Sur sa propre accusation, il a fait arrêter Lépide. Ainsi, voilà le pauvre triumvir à bas, jusqu’à ce que la mort élargisse sa prison.

Énobarbus.

Alors, ô univers, de trois loups, tu n’en