Oui, conduis-moi. — Il me quitte en brave. Plût aux dieux que César et lui pussent, dans un combat singulier, décider cette grande querelle ! Alors, Antoine… Mais, hélas !… Allons, sortons.
Scène V
Plaise aux dieux que cette journée soit heureuse pour Antoine !
Je voudrais à présent en avoir cru tes conseils et tes blessures, et n’avoir combattu que sur terre.
Si vous l’aviez fait, les rois qui se sont révoltés, et ce guerrier qui vous a quitté ce matin, suivraient encore aujourd’hui vos pas.
Qui m’a quitté ce matin ?
Qui ? quelqu’un qui était toujours auprès de vous. Appelez maintenant Énobarbus, il ne vous entendra pas ; ou du camp de César il vous criera : Je ne suis plus des tiens.
Que dis-tu ?
Seigneur, il est avec César.
Ses coffres, son argent, il a tout laissé, seigneur.
Est-il parti ?
Rien n’est plus certain.
Éros, va ; envoie-lui son trésor : n’en retiens pas une obole, je te le recommande. Écris-lui, je signerai la lettre ; et fais-lui mes adieux dans les termes les plus honnêtes et les plus doux : dis-lui que je souhaite qu’il n’ait jamais de plus fortes raisons pour changer de maître. — Oh ! ma fortune a corrompu les cœurs honnêtes. — Éros, hâte-toi.